La tragédie du narcissisme

Ce que les narcissiques et les dieux grecs ont en commun

Écrit par JH Simon

La tragédie du narcissisme

Dans la mythologie grecque, Narcisse était un mec super beau et arrogant qui repoussait toutes les filles qui s’intéressaient à lui, avant de tomber amoureux de son reflet dans un lac et de se noyer en essayant de l’embrasser.

Il y a plein de versions de cette histoire, la plus connue étant celle d’Ovide, « Narcisse et Écho ». Ovide décrit Écho comme une nymphe incapable de parler, sauf pour répéter les derniers mots prononcés par quelqu’un d’autre. Un jour, Écho aperçut Narcisse qui chassait et tomba amoureuse de lui. Finalement, Narcisse, agacé par le fait qu’Écho répète sans cesse ses paroles, lui dit de dégager. Écho eut le cœur brisé et dépérissait.

Le mythe de Narcisse est particulièrement pertinent dans le discours actuel sur le narcissisme. D’une part, nous voyons quelqu’un qui accepte l’admiration des autres, mais jamais leur amour. Cela illustre l’approche sadomasochiste du narcissique dans ses relations, sabotant sans cesse sa vie et celle des autres, ce qui s’avère être une dure leçon pour tous ceux qui aiment le narcissique.

Écho, de son côté, représente la personne codépendante qui admire le narcissique dans la nature sauvage, utilisant son faux soi pour « chasser » l’approvisionnement narcissique. Écho renvoie au narcissique sa grandiosité, dans l’espoir d’être aimée et acceptée par lui en retour. Beaucoup d’« Échos » sont blessées, traumatisées et « flétries » après leur épreuve avec un narcissique.

Maintenant que les narcissiques ont pris le contrôle de notre discours public, l’histoire de Narcisse n’est pas seulement d’actualité, elle évolue. Tout comme Zeus, le narcissique n’est plus seulement considéré comme arrogant, mais aussi comme tout-puissant et rusé. Si tu demandes à n’importe qui sur Internet, il te dira que le narcissique est le destructeur des mondes, le messager de la souffrance et le méchant des rêves.

Il n’y a rien que le narcissique ne puisse faire, aucune limite à ses mauvaises actions. Tout comme dans les intrigues de la mythologie grecque, Narcisse a dépassé ses humbles origines grâce à sa manipulation, sa tromperie et sa nature abusive, devenant ainsi le rival direct de Zeus. Ce faisant, il a également ravivé la fascination pour la tragédie grecque sous la forme de la psychologie moderne.

L’évolution de Narcisse

Si le mythe original de Narcisse rend assez bien compte de l’essence même du narcissisme, nos « mythes » émergents du XXIe siècle sur les narcissiques viennent combler les lacunes.

Au cours des dernières décennies, la graine du mythe historique de Narcisse a germé, tandis que les récits modernes à son sujet se sont multipliés au point de rivaliser avec « Narcisse et Écho » d’Ovide. Narcisse ne se contente plus de rejeter ses amants ; il leur fait d’abord un « love bombing », avant de les dévaloriser cruellement et de les écarter. Le reflet de Narcisse ne trompe pas seulement Narcisse lui-même, il trompe aussi les autres par le détournement cognitif et l’identification projective. Narcisse utilise maintenant ses amants actuels et passés pour créer de la jalousie, il invente un monde imaginaire super élaboré pour son « Écho » et torture et fait honte à Écho de plein de façons.

Même Écho a droit à une nouvelle version aujourd’hui. Elle ne se fane plus et ne meurt plus après avoir perdu son sentiment de soi et sa voix authentique. Dans cette nouvelle version du mythe, Echo réagit en entreprenant un voyage héroïque à la découverte d’elle-même, qui lui permet de se remettre des abus subis. Elle retire son amour et ses émotions à Narcisse pour le priver de sa source d’alimentation. Elle rompt tout contact avec lui lorsque cela est nécessaire et cherche à entrer en contact avec sa voix authentique. Le courage et la vérité libèrent Echo de son destin tragique et l’élèvent au rang de déesse sur le mont Olympe.

Hélas, une fin heureuse n’est pas si facile à obtenir. Quoi qu’on fasse, les narcissiques sont des êtres persistants. Ils changent de forme, capables de contourner notre conscience et notre intelligence. Peut-être que la prochaine phase de ce mythe en évolution révélera Narcisse non pas comme une entité unique et maléfique, mais comme un dragon à plusieurs têtes, ou un kaléidoscope scintillant et en constante évolution dont on doit se méfier.

Le narcissique insaisissable

« Protée » est un dieu marin de la mythologie grecque, également appelé le dieu des « changements marins insaisissables », qui pouvait prendre n’importe quelle forme. Protée savait tout, y compris l’avenir, mais ne partageait son don avec personne, à moins qu’on ne le capture d’abord. Pour échapper à ceux qui cherchaient à l’appréhender, Protée prenait n’importe quelle forme nécessaire, telle qu’un lion, un arbre ou un serpent. Une fois piégé, Proteus reprenait cependant sa forme réelle et révélait tout à son ravisseur.

Le narcissique que nous connaissons est un accro, qui suit un scénario prévisible pour s’assurer un approvisionnement narcissique. Mais le narcissique est aussi un métamorphe, un peu comme Proteus. Pour tromper sa personne ciblée, un narcissique prend la forme qui captive son imagination et la désarme ainsi. Sage omniscient, amant charmant, génie, sirène sexuelle, figure d’autorité, le narcissique peut être tout ce qu’il veut. Tant qu’il peut maintenir l’illusion, il échappe à la révélation. Mais si tu le coinces et que tu remets en question sa grandiosité, la vérité sur qui il est ressort, et tu découvres sa vraie nature : celle d’un enfant capricieux plein de rage et de chagrin prolongé.

Mais le changement de personnalité du narcissique ne se limite pas à sa fausse persona. Il est profondément ancré dans son traumatisme fondamental et dans la structure de sa personnalité qui en résulte. On sait maintenant qu’un narcissique « malveillant » prend une forme psychopathe, complotant et manipulant consciemment de manière sadique. Un narcissique peut être « caché », son arrogance et sa grandiosité étant dissimulées derrière un masque de gentillesse ou d’altruisme. Un narcissique « schizoïde » passe souvent beaucoup de temps seul, ne recherchant qu’occasionnellement un approvisionnement narcissique. Les personnes limites avec un extérieur narcissique sont des loups déguisés en agneaux, semblant être narcissiques mais sans les caractéristiques fondamentales de ceux-ci. Il y a ensuite le narcissique histrionique, obsédé par son apparence et créant des drames pour attirer l’attention.

Le groupe B des troubles de la personnalité

La carte des troubles de la personnalité des groupes A, B et C

Mais plutôt que de nous éloigner du mythe de Narcisse, ces développements issus de la carte des troubles de la personnalité des groupes A, B et C nous ramènent à notre point de départ, révélant une cosmologie de personnages qui ressemblent à la mythologie grecque dans son ensemble.

Entrer dans le royaume des dieux

Tout d’abord, il est important de se rappeler que le panthéon grec est en fait une famille composée de douze divinités principales. Cette famille vivait sur le mont Olympe, ce qui lui conférait un statut « exalté ».

Les « douze Olympiens », comme on les appelle, comprenaient Zeus, Poséidon, Héra, Déméter, Aphrodite, Athéna, Artémis, Apollon, Arès, Héphaïstos, Hermès et Hestia ou Dionysos. Chacune de ces figures possédait des dons et des forces particuliers, mais aussi des dysfonctionnements et des faiblesses. Ce qui rend le panthéon grec si fascinant, c’est la façon dont ces différentes personnalités étaient « destinées » à s’affronter en fonction de leurs forces et de leurs faiblesses.

On peut facilement rejeter le panthéon grec comme une histoire fantaisiste, jusqu’à ce qu’on se mette à la place d’un enfant qui admire sa famille. Les parents, les frères et sœurs, les oncles, les tantes et les cousins de cet enfant ne sont-ils pas incroyablement puissants et importants à ses yeux ? Ce « panthéon » de notre enfance n’est-il pas une manifestation de notre imagination, où nous voyons les membres de notre famille comme des « dieux » dotés de dons et de pouvoirs extraordinaires ?

En grandissant, cette pensée magique commence bien sûr à s’estomper et on voit les membres de notre famille plus clairement dans leur humanité. Mais jusqu’à ce moment-là, on pourrait tout aussi bien interagir avec des dieux grecs. Quand notre père se mettait en colère, on avait probablement l’impression qu’il lançait des éclairs depuis le ciel comme Zeus. Quand notre mère se sentait trahie par notre père ou par nous, sa vengeance pouvait ressembler aux actes malveillants d’Héra envers les dieux et les héros. Une grande partie des comportements d’Héra représentent le matriarcat corrompu de la mère narcissique, qui empoisonne tout le monde avec ses manières perverses.

La structure fraternelle du Panthéon évoque également la famille narcissique. Zeus est bien sûr « l’enfant chéri » de Cronos et de Rhéa, tandis qu’Hadès, le « bouc émissaire », a été chassé du mont Olympe et condamné à vivre dans les enfers. Poséidon, dieu de la mer, est donc « l’enfant perdu » de la famille, laissé à ses rêveries dans les vastes eaux de son imagination inconsciente, dont la mer est le symbole.

La séduisante et belle Aphrodite, qui rappelle les personnes limites, est une autre exception fascinante, tout comme Hadès. Elle n’a pas de père, étant née du sang d’Ouranos après que celui-ci ait été castré et que ses organes génitaux aient été jetés à la mer. Les personnes limites ont souvent une relation difficile avec leur père absent ou émasculé.

La nature fantastique du panthéon grec nous ramène aussi à notre enfance grâce à son ancrage dans le mythe grec de la création. Du « Chaos » sont nés Gaïa et Ouranos, qui représentent des figures d’arrière-grands-parents lointains.

Pendant cette phase formatrice de la mythologie grecque, on trouve aussi un père qui emprisonne ses enfants, craignant qu’ils ne remettent en cause son pouvoir, comme on le voit d’abord avec Uranus, puis avec Cronos. Dans les deux cas, une grande guerre entre père et fils s’ensuit, le père étant vaincu à chaque fois, ce qui conduit au règne de Zeus sur le mont Olympe. Le pouvoir de Zeus était tellement absolu que son humeur dictait le temps, comme c’est le cas avec un parent autoritaire. On retrouve là la lutte universelle de toutes les personnes issues de familles dysfonctionnelles, emprisonnées psychologiquement par un parent tyrannique tout en « luttant » pour se séparer et s’individualiser en tant qu’adulte réalisé.

Quand on grandit et qu’on quitte le Panthéon, on entre dans le monde « humain ». On devient mortel. Pourtant, on continue d’interagir avec le mont Olympe, car les dysfonctionnements de notre famille continuent d’agir à travers nous via nos traumatismes. Plus une famille compte de maladies mentales, plus ses membres s’accrochent à l’imaginaire comme mécanisme de défense. Les personnes souffrant de troubles de la personnalité pourraient être considérées comme des « dieux », tandis que d’autres pourraient être des « demi-dieux », gardant un pied dans la réalité et un pied dans le monde imaginaire.

Un panthéon de la pathologie

Les dieux grecs représentent le meilleur et le pire de nous-mêmes. Ils sont les archétypes idéaux de notre potentiel, ainsi que les archétypes moins idéaux de nos pires capacités. Quand on interagit les uns avec les autres via le monde imaginaire, c’est-à-dire quand on interagit à travers le Panthéon, les gens ont sur nous un pouvoir qui serait impossible si on était ancré dans la réalité. Quand on est dissocié dans le monde imaginaire et qu’on interagit les uns avec les autres à travers ce monde, on peut être émerveillé, charmé et impressionné au-delà de l’entendement, mais aussi psychologiquement anéanti et détruit au point de sombrer dans la folie.

Plus on regarde les histoires grecques, plus on se rend compte que tout ça n’a rien de nouveau. La tragédie répétitive de la personne moderne « souffrant de troubles de la personnalité » et ayant subi un traumatisme dans son enfance fait écho à une grande partie de la mythologie grecque. Il suffit d’élargir notre champ de vision au-delà du mythe original de Narcisse pour découvrir un drame qui se répète sans cesse sous les mêmes formes entre les humains.

La codépendance crée une tension constante entre les évitants, les anxieux attachés et les évitants craintifs. Le perfectionnisme, en tant que réponse à un traumatisme, conduit à des attentes irréalisables, à des jugements sévères et à la honte rampante de « ne pas être assez bon ». Le traumatisme conduit également à une hypervigilance et à la paranoïa, qui entraînent une jalousie extrême dans les relations, des comportements contrôlants et même de la violence.

Les psychopathes complotent pour gagner de l’argent, du sexe et la domination. Les narcissiques sont connus pour mentir, tricher et briser l’esprit de leurs personnes ciblées, les vidant de leur énergie vitale. Les personnes limites et histrioniques sont des personnages séduisants et enjoués, qui inspirent l’attirance, la jalousie et des actes de folie et de trahison. Ne voyons-nous pas ce genre de drame dans la mythologie grecque ?

Et pourtant, ces histoires, aussi captivantes et rassurantes soient-elles, ne font que représenter les merveilles et les dysfonctionnements de l’être humain. Ce qui nous fascine vraiment, ce n’est pas seulement le quoi, mais aussi le pourquoi. Pourquoi une telle folie affecte-t-elle la condition humaine, et que pouvons-nous y faire ?

Notre nouvelle obsession pour la tragédie

Ce qui rendait les tragédies grecques si captivantes, c’était pas seulement la façon dont elles exploraient la souffrance humaine, mais aussi la manière dont elles tentaient d’expliquer la raison derrière cette souffrance.

On pourrait penser que le malheur est fermement ancré dans les événements. Les choses arrivent, on souffre. Et pourtant, nous, les humains, avons progressivement découvert une réalité sous-jacente aux événements mondains. Grâce à l’introspection, à l’observation et à la narration, nous avons découvert des forces qui échappent à notre contrôle et qui semblent suivre un plan mystérieux ; des phénomènes qui se produisent dans le domaine métaphysique, au-delà de notre monde.

Ça s’applique surtout à nos relations. À première vue, on pourrait penser que les dysfonctionnements sont dus à de mauvaises décisions et à l’égoïsme. C’est souvent comme ça que pensent les familles narcissiques, qui font de certains membres de la famille des boucs émissaires et les accusent d’« immoralité » ou de « stupidité ».

La tragédie grecque cherchait à saisir la vérité derrière notre malheur en appelant les dieux à l’aide. Mais le sens et le symbolisme de ces personnages semblent avoir été perdus.

Hélas, la vérité ne se repose jamais.

Nous cherchons maintenant à réécrire notre mythologie fondamentale à travers une exploration moderne des troubles de la personnalité. Peu à peu, nous arrivons à exposer les personnes souffrant de troubles de la personnalité comme des manipulateurs de l’imagination, attirant les « mortels » dans leur jeu divin. Quiconque ose croire aux mensonges du psychopathe, succombe au charme du narcissique ou se laisse séduire par la beauté de la personne limite ou la sexualité de l’histrionique est condamné à subir le même sort que les personnages de la mythologie et de la tragédie grecques.

Pourtant, le destin reste le destin. Quoi que tu fasses, tu y es toujours lié, dans une certaine mesure.

Le fait d’être né dans une famille de classe inférieure ou qui porte un traumatisme intergénérationnel nous handicape inévitablement. C’est l’essence même de la tragédie. Cependant, les humains ne sont pas connus pour accepter leur destin sans réagir. En défiant les dieux et en osant entreprendre le voyage héroïque à travers le désert de notre malheur et de nos traumatismes, nous cherchons à nous racheter en conquérant les démons qui sont en nous, pour émerger vers un avenir meilleur, tout comme les héros grecs d’autrefois.

C’est pourquoi, même après que l’adoration païenne ait été violemment réprimée par les adeptes de religions monothéistes comme l’islam et le christianisme, on continue d’être fascinés par les anciens dieux, les réinventant pour les adapter à notre époque moderne, se tournant vers eux pour nous aider à donner un sens à la folie qui régit notre vie.

L’avènement du néo-paganisme

La renaissance de la tragédie à travers la psychologie nous permet de comprendre pourquoi les choses se passent d’une manière que le monothéisme ne peut expliquer.

Les dieux païens sont d’abord apparus comme une forme archaïque de compréhension du comportement et de la psychologie humains. Mais à mesure que leur complexité s’est accrue, les humains se sont perdus dans le drame qui en a résulté, pour finalement se retrouver plus confus qu’au début.

Le monothéisme a été la grande remise à zéro, le marteau qui a écrasé le Panthéon, envoyant l’Olympe s’écrouler en morceaux dans la mer. De cette destruction est née la clarté spirituelle ultime : une connexion profonde et durable avec le Dieu unique, source de toutes choses.

Puis, lorsque la civilisation humaine atteint son apogée, l’adoration païenne se métastase avec elle, atteignant son paroxysme. Nous le voyons aujourd’hui dans l’adoration des célébrités qui s’est emparée de l’Occident. Les innombrables magazines people visent à recréer l’attrait des anciens dieux, mais sans la substance de leur signification profonde. La culture des célébrités fournit des calories vides à l’âme et suscite plus de vide et de désespoir que toute autre chose. Si on est fascinés par les célébrités, c’est parce qu’elles apparaissent comme les dieux et les déesses d’autrefois, car elles imitent leur posture, leur comportement et leur tenue vestimentaire. Cela n’est nulle part plus évident qu’au Met Gala à Manhattan.

Comme ça a toujours été le cas dans l’histoire de l’humanité, la décadence corrompt tous les empires avant qu’ils s’effondrent sur eux-mêmes. La guerre suit souvent, alors que les « Titans » ou les « Olympiens » se battent pour la suprématie dans le chaos qui s’ensuit, révélant une fois de plus la réalité du Dieu unique et véritable. Une fois qu’une nouvelle civilisation ou « ordre » est établie, le drame se répète encore une fois, alors que les humains se battent pour le pouvoir au sein de leurs familles, de leurs communautés et entre les nations, ce qui ressemble aux intrigues de l’Olympe.

Ce cycle se répète encore et encore, jusqu’à ce que l’effondrement inévitable survienne une fois de plus en raison de la concentration du pouvoir et de l’orgueil humain, annonçant un nouveau cycle dans la tension constante entre la complexité païenne et la simplicité monothéiste, dans notre quête sans fin de la vérité ultime.

Si tu viens de commencer ton parcours de guérison après avoir été victime d'abus narcissiques, jette un œil à Comment exorciser un narcissique. Ou si tu veux te protéger contre les narcissiques et passer à autre chose pour de bon, jette un œil à Une nouvelle vie après le narcissique.


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